Géant de Joaquim Barbosa à Récife et Olinda- Photo Agência O Globo- Hans van Manteuffel |
Les organisateurs du Carnaval de Récife-Olinda ont
choisi de rendre hommage au très médiatique Joaquim Barbosa. Le très populaire Président
de la Cour Suprême Brésilienne sera au centre de la folie d’un des
carnavals les plus frénétiques du Brésil en intégrant le « cortège des
géants ». A Olinda et Récife, dans l’Etat du Pernambouc, les carnavaleux
défileront fièrement derrière la marionnette
géante de ce symbole de la réussite sociale aux rythmes endiablés du frevo. Les
autorités s’attendent à une augmentation du nombre de curieux et de touristes, qui
ne manqueront pas de poser en photo aux côtés du Joaquim Barbosa de carton-pâte.
Ailleurs au Brésil, des masques du juge (réalisés avec l’autorisation de l’intéressé)
sont déjà en tête des ventes, devant Neymar et seraient même en rupture de
stock dans certains endroits.
A Récife, les organisateurs ont déclaré avoir
voulu rendre hommage « à une icône de la lutte pour la justice au Brésil ».
Symbole de la lutte contre les discriminations et de la réussite des enfants noirs et pauvres, ce fils de maçon et de femme de ménage du Minas Gerais, est devenu fin 2012 à 58 ans le premier Noir à accéder à la présidence de la Cour suprême à Brasilia. Son élection n'a pas été une surprise puisque c'est toujours le magistrat le plus âgé qui recueille la majorité des suffrages. Pourtant cette accession à l’un des postes clés de la République du Brésil a constitué une grande première dans ce pays où 51% de la population est noire et métisse mais reste discriminée et reléguée en bas de l'échelle sociale.
Pour la majorité
des médias, notamment les médias conservateurs Veja et Globo, son accession à
la tête de la Cour suprême représente une
étape importante dans l’histoire politique et institutionnelle du Brésil,
en partie parce qu’il incarne en « chaire »
et en os la lutte pour les droits des noirs, mais surtout parce qu’il s’est érigé
en symbole de la lutte anti-corruption: il a été le rapporteur ultra médiatisé du
procès « Mensalão » qui a impliqué des membres du Parti des
travailleurs (PT), accusés d’avoir acheté des voix, blanchi et détourné de l’argent
public durant la Présidence
de Lula.
Barbosa s’est
construit une réputation d’homme indépendant et incorruptible, de pourfendeur
des injustices doublée d’une réputation d’homme sympathique et chaleureux:
le profil idéal pour faire de lui un possible candidat à la plus haute marche
de l'Etat. Barbosa s’amuse des rumeurs, se cachant derrière ses problèmes de
santé pour récuser cette hypothèse.
C’est la ténacité, la
conviction et la verve de Barbosa qui ont abouti pour la première fois à de très
lourdes peines pour les hauts responsables politiques du pays dont de la prison
ferme. Ce procès hors normes, particulièrement médiatisé, a vu 27 co-accusés
défiler à la barre, dont José Dirceu, l'ancien bras droit de Lula. La
condamnation à 11 ans de prison ferme de ce personnage clé du gouvernement Lula
a provoqué un véritable séisme politique dans le pays mais également une
importante vague de protestations, notamment au sein des partis de gauche.
Le Mensalão est devenu un exemple
significatif du processus de judiciarisation de la politique au Brésil : pour
que la corruption soit combattue, peu importent les moyens.
En effet, en ayant autorisé une décision condamnatoire fondée sur
un ensemble de faisceaux d'indices, en l'absence de preuves directes, les juges du Mensalão sont accusés d’avoir
bâclé le procès, d’avoir cédé à la médiatisation et d’avoir voulu faire le show
plutôt que d’avoir voulu établir la vérité sur la complexité des questions de
corruption au Brésil.
On lui reproche notamment d'avoir négligé d'enquêter sur une autre "Mensalão", celui qui entâche les dirigeants PSDB du Minas Gerais, dont le procès a été initié 2 ans avant celui du PT et qui n'est toujours jugé. D'après les mots mêmes de Barbosa, le procès ne pourrait se terminer avant 2015, soit après les prochaines élections présidentielles.
Une façon subtile de favoriser les candidats du PSDB et de fragiliser le PT.
On lui reproche notamment d'avoir négligé d'enquêter sur une autre "Mensalão", celui qui entâche les dirigeants PSDB du Minas Gerais, dont le procès a été initié 2 ans avant celui du PT et qui n'est toujours jugé. D'après les mots mêmes de Barbosa, le procès ne pourrait se terminer avant 2015, soit après les prochaines élections présidentielles.
Une façon subtile de favoriser les candidats du PSDB et de fragiliser le PT.
Mise à jour octobre 2013
Barbosa a également à répondre de certaines de ses pratiques, comme sa tentative d'évasion fiscale par l'achat d'un appartement à Miami, les pressions exercées sur la chaîne Globo pour qu'elle emploie son fils, l'achat par des deniers publics d'un déplacement d'une journaliste venue l'interroger en Amérique Centrale, et plus récemment, de son attitude grossière vis-à-vis de la Présidente de la République, Dilma Rousseff. Barbosa l'a en effet ignorée lors de l'accueil des personnalités à l'occasion de la visite du Pape François au Brésil en juillet 2013.
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