jeudi 27 septembre 2012

Gainsbourg et le Brésil


J’ai choisi de parler de Gainsbourg non seulement parce que j’ai vécu une grande histoire avec lui depuis mon adolescence mais aussi parce que j’ai plusieurs anecdotes au sujet de Gainsbourg ici !
D’une part, quand on demande à un Brésilien de chanter en français, c’est parfois « Je t’aime moi non plus » qui sort ! Ensuite, parce que nous avons une amie, Andreia, qui en est fan absolue, au point de le passer pendant le sacro-saint churrasco ! Et enfin, parce qu’il a inspiré de nombreuses reprises parmi les Brésiliens les plus célèbres (Caetano Veloso), ou les moins connus (cf surprise ci-dessous à la fin de l’article).
Personnage public et très médiatique, nous avons forcément en tête quelques unes de ses provocations: souvenez-vous de son « I want to fuck you » à Whitney Houston, le billet de 500 francs qu’il a brûlé en direct à la télé , son double  Je t’aime moi non plus avec Bardot et Birkin qu’il a séduites tour à tour, son Lemon incest  avec la petite Charlotte, sa version reggae de la Marseillaise...

Au fil du temps, j’ai appris à découvrir  sa sensibilité, sa poésie, l’étendue de son talent artistique et de ses références musicales.
Il est impossible de mettre Gainsbourg dans une seule case, tant il est tout à la fois : peintre, poète, pianiste classique, chanteur de jazz et de reggae, compositeur yéyé, acteur, réalisateur…
Artiste éclectique  et curieux, Serge Gainsbourg s’est bien sûr intéressé à la musique brésilienne.
En 1962, il  reprend en samba le poème de Charles Baudelaire, Le serpent qui danse (« Les Fleurs du mal »), qui apparait dans son quatrième album, Gainsbourg n°4, sous le titre Baudelaire.





Après l’ambiance jazz des précédents albums, il édite en 1964 un album auquel il souhaite donner une teinte et des sonorités africaines : Gainsbourg Percussions. Gainsbourg déclare à propos de cet album : « L’art abstrait a fait éclater la peinture : quand en musique on fait éclater les formes, il ne reste que les percussions, au désavantage de l’harmonie. […] Pour réaliser ce disque, j’ai emprunté des rythmes africains et si je les utilise de manière abondante, ce n’est pas une concession à notre époque. Il faut une forme qui lui corresponde et le rythme la caractérise » (Issu du livre : "Gainsbourg" par Gilles Verlan, Editions Albin Michel, 2000).
Il s’agit d’un album « conceptuel » mais malgré ça, il contient quelques uns de ses plus grands tubes : 

Couleur Café, toujours un tube dans toutes les soirées françaises:



Pauvre Lola, qu’il enregistre avec sa muse yéyé de l’époque, France Gall:




Et enfin, New York USA, un pur chef d’œuvre d’après moi:




Trois morceaux de l’album  sont des reprises du compositeur nigérian (patrie du fameux Fela Kuti) Babatunde Olatunji : Joanna, New York USA et Marabout.


Et c’est donc dans cet album concept aux tonalités africaines qu’on trouve la deuxième samba de Gainsbourg : Les Sambassadeurs. Il  s’agit d’une « vraie » samba, riche de cinq percussionnistes et de douze choristes françaises à qui l’arrangeur Alain Goraguer avait recommandé de « prendre des voix de négresses un peu aiguës »:

 


Enfin c’est dans cet album que ce trouve le célébrissime Ces petits riens, lui aussi à tonalités brésiliennes. Gainsbourg en a fait une reprise en 1981 avec Catherine Deneuve, sensuelle certes mais abandonnant complètement l’influence brésilienne.



Mais c’est ici à Vitória que j’ai entendue la reprise la plus touchante, par le groupe Banda Sabara. C’est une formation de jazz à laquelle participent nos amis Ramon Silva Martin, Anselmo Soeiro Pereira et Camila Brita Borgo. Ils ont fait de Ces petits riens  une version douce, tendre et sensuelle…fidèle à l’esprit de la première version de Gainsbourg, celle de 1964.



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