J’ai
choisi de parler de Gainsbourg non seulement parce que j’ai vécu une grande
histoire avec lui depuis mon adolescence mais aussi parce que j’ai plusieurs
anecdotes au sujet de Gainsbourg ici !
D’une
part, quand on demande à un Brésilien de chanter en français, c’est parfois « Je
t’aime moi non plus » qui sort ! Ensuite, parce que nous avons une
amie, Andreia, qui en est fan absolue, au point de le passer pendant le
sacro-saint churrasco ! Et enfin, parce qu’il a inspiré de nombreuses
reprises parmi les Brésiliens les plus célèbres (Caetano Veloso), ou les moins
connus (cf surprise ci-dessous à la fin de l’article).
Personnage
public et très médiatique, nous avons forcément en tête quelques unes de ses provocations: souvenez-vous de son « I want to fuck you »
à Whitney Houston, le billet de 500 francs qu’il a brûlé en direct à la télé , son double Je
t’aime moi non plus avec Bardot et Birkin qu’il a séduites tour à
tour, son Lemon incest avec la
petite Charlotte, sa version reggae de la
Marseillaise...
Au fil du temps, j’ai appris à découvrir sa sensibilité, sa poésie, l’étendue de son talent artistique et de ses références musicales.
Au fil du temps, j’ai appris à découvrir sa sensibilité, sa poésie, l’étendue de son talent artistique et de ses références musicales.
Il
est impossible de mettre Gainsbourg dans une seule case, tant il est tout à la
fois : peintre, poète, pianiste classique, chanteur de jazz et de reggae, compositeur yéyé, acteur,
réalisateur…
Artiste
éclectique et curieux, Serge Gainsbourg s’est
bien sûr intéressé à la musique brésilienne.
En
1962, il reprend en samba le poème de
Charles Baudelaire, Le serpent qui danse
(« Les Fleurs du mal »), qui apparait dans son quatrième album, Gainsbourg
n°4, sous le titre Baudelaire.
Après
l’ambiance jazz des précédents albums, il édite en 1964 un album auquel il
souhaite donner une teinte et des sonorités africaines : Gainsbourg
Percussions. Gainsbourg déclare à propos de cet album : « L’art abstrait a fait éclater la peinture : quand en
musique on fait éclater les formes, il ne reste que les percussions, au
désavantage de l’harmonie. […] Pour réaliser ce disque, j’ai emprunté des
rythmes africains et si je les utilise de manière abondante, ce n’est pas une
concession à notre époque. Il faut une forme qui lui corresponde et le rythme
la caractérise » (Issu du livre : "Gainsbourg" par Gilles
Verlan, Editions Albin Michel, 2000).
Il
s’agit d’un album « conceptuel » mais malgré ça, il contient quelques
uns de ses plus grands tubes :
Couleur Café, toujours un
tube dans toutes les soirées françaises:
Pauvre Lola, qu’il
enregistre avec sa muse yéyé de l’époque, France Gall:
Et
enfin, New York USA, un pur chef d’œuvre
d’après moi:
Trois
morceaux de l’album sont des reprises du
compositeur nigérian (patrie du fameux Fela Kuti) Babatunde Olatunji :
Joanna, New York USA et Marabout.
Et
c’est donc dans cet album concept aux tonalités africaines qu’on trouve la
deuxième samba de Gainsbourg : Les
Sambassadeurs. Il
s’agit d’une « vraie » samba,
riche de cinq percussionnistes et de douze choristes françaises à qui
l’arrangeur Alain Goraguer avait recommandé de « prendre
des voix de négresses un peu aiguës »:
Enfin c’est dans cet album que
ce trouve le célébrissime Ces petits
riens, lui aussi à tonalités brésiliennes. Gainsbourg en a fait une reprise
en 1981 avec Catherine Deneuve, sensuelle certes mais abandonnant complètement
l’influence brésilienne.
Mais
c’est ici à Vitória que j’ai entendue la
reprise la plus touchante, par le groupe Banda Sabara. C’est une formation de
jazz à laquelle participent nos amis Ramon Silva Martin, Anselmo Soeiro Pereira
et Camila Brita Borgo. Ils ont fait de Ces
petits riens une version douce, tendre et sensuelle…fidèle à l’esprit
de la première version de Gainsbourg, celle de 1964.
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