jeudi 15 novembre 2012

15 novembre au Brésil: commémoration de la proclamation de la République


Et encore un jour férié!
Nous avons déjà été gâtés en octobre et en novembre, et voilà que ce 15 novembre, date anniversaire de la commémoration de la République, nous permet ce long viaduc, qui nous mènera jusqu'à dimanche, et même jusqu'à mardi pour les Etats de Rio de Janeiro, São Paulo et Bahia, qui fêteront en plus la commémoration de la conscience noire mardi prochain.
Et fait étonnant, ce 15 novembre commémore un coup d'état, en 1889.

L'installation de la République Brésilienne est contemporaine de notre IIIe République, celle qui a posé les fondements de l'Etat de droit, des grandes libertés individuelles, de la laïcité, de l'école (la République des Jules Ferry et Léon Gambetta, appelée aussi République des Francs-Maçons).

Alors que la République s'installait comme forme définitive du gouvernement français, un siècle après la Révolution française de 1789, après la restauration de la monarchie et deux empires, le Brésil choisit lui aussi la forme républicaine pour succéder à l'Empire.

La Proclamation de la République brésilienne est donc un épisode fondateur dans l’histoire du Brésil. Elle a eu lieu le 15 novembre 1889, à Rio de Janeiro, capitale.  Le Brésil est alors indépendant (reconnu en 1825 par le Portugal). Pierre II (Dom Pedro II) empereur depuis 1831 (il a alors 5 ans) fait entrer le Brésil dans l’ère de la modernisation et de l'industrialisation. L'esclavage est aboli en 1888, marquant un tournant dans l’appui des grands propriétaires terriens, qui se tournent vers la cause républicaine, n’ayant plus d’avantage à soutenir la couronne.

La Proclamation de la République est soutenue par la bourgeoisie urbaine, constituée par une classe moyenne de fonctionnaires publics, de professions libérales, d'artistes et  de commerçants qui réclamaient plus de participation dans la vie politique et soutenait les idéaux républicains. Et paradoxalement, la Proclamation de la République fut soutenue par la hiérarchie ecclésiastique.

En réalité, loin d’être une Révolution populaire comme la France l’a connue en 1789 et surtout en 1848, la République est l’affaire de quelques uns, organisés par une faction de l’Armée brésilienne dirigée par le maréchal républicain Deodoro da Fonseca. La  Proclamation de la République a pris la forme d’un coup d'État militaire. Plutôt que l’instauration d’une république présidentielle ou parlementaire, l’objectif des organisateurs du coup d’État est la création d'une dictature.

 A l'époque la révolution passe inaperçue. L'historienne Lídia Besouchet note que, « [r]arement une révolution ne s'est déroulée de façon aussi calme ». 
Tout au long du coup d'état, Pierre II ne montre aucune résistance.
Il rejette toutes les suggestions avancées par les hommes politiques et les chefs militaires pour réprimer la rébellion. L'empereur et sa famille partent en exil le 17 novembre. Une importante réaction monarchiste se produit mais elle est réprimée avec force par les républicains et ni Pierre II, ni sa fille (promise au Français Gaston d’Orléans) ne soutiennent réellement la restauration. Tenu à l'écart du coup d’État et constatant l'acceptation passive de la situation par l’empereur, la classe politique approuve le remplacement de la monarchie par une république. 

Peu après avoir renversé le Premier ministre Afonso Celso de Assis Figueiredo, vicomte de Ouro Preto, et fait arrêter la famille impériale, emprisonnée dans son palais puis exilée, le maréchal Deodoro da Fonseca s’auto-proclame président de la République met en place un gouvernement provisoire dans lequel siègent les ministres Benjamin Constant Botelho de Magalhães, Quintino Bocaiuva, Rui Barbosa, Campos Sales, Aristides Lobo, Demétrio Ribeiro et Eduardo Wandenkol.
Ils sont  tous membres de la franc-maçonnerie brésilienne et adeptes du positivisme dont la devise, ordre et progrès (ordem e progresso) orne le drapeau de la nouvelle république.

La Proclamation de la République Brésilienne permet la mise en place d’un système administratif, économique et social oligarchique, constitué de riches propriétaires et d'élus locaux, les coronels. Système qui a perduré jusqu'à la Grande Dépression de 1929 et jusqu’au coup d’Etat de Gertulio Vargas en 1930.
La République Brésilienne mettra près d’un siècle à s’installer comme véritable régime démocratique, consacrée par la Constitution de 1988 succédant à la dictature militaire (1964-1985).

Source Wikipédia- Le Petit Journal

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