Vous avez été nombreux à nous suivre sur le blog et à signer la pétition en ligne. Cette mobilisation a été énorme au Brésil, avec de nombreuses manifestations, mais aussi à l'étranger. Cette mobilisation a porté ses fruits. Nous venons d'apprendre que le Tribunal Régional Fédéral de la Troisième Région, à São Paulo, a
suspendu l'opération d'expulsion des Indiens Guarani-Kaiowá de Pyelito
Kue, répondant ainsi à la demande de la Fondation Nationale des Indiens
(Fundação Nacional do Índio- FUNAI). Pour les militants et les indiens, ce n'est qu'une solution d'attente, et les relations avec le propriétaire demeurent tendues et dangereuses.
Les 50 hommes, 50 femmes et les 70 enfants de la tribu Guarani-Kaiowa pourront rester au sein de la ferme Cambará, à Iguatemi- Mato Grosso do Sul...confinés sur un terrain de 2 hectares (l'équivalent de deux terrains de foot).
C'est certes une décision temporaire, qui doit durer le temps de l'identification et de la délimitation définitive du territoire indien par la FUNAI.
Le Procureur de la Republique
Marco Antonio Delfino de Almeida a déclaré "La mobilisation des réseaux sociaux a été déterminante. Elle a provoquée une réaction jusque là inédite pour un gouvernement quand il s'agit de traiter des droits des peuples indigènes".
En effet, la situation des Guarani de Pyelito Kue est devenue une préoccupation nationale quand les indiens ont diffusé publiquement leur lettre du 8 octobre au Gouvernement et à la Justice Brésilienne:
" À qui dénoncerons-nous les violences commises contre nos
vies ? À quelle instance judiciaire du Brésil ? C'est la Justice
fédérale elle-même qui engendre et nourrit des actes de violence envers
nous. (…). Nous le savons bien qu'au cœur de notre territoire ancestral
sont enterrés beaucoup de nos grand-pères et grand-mères, bisaïeux et
bisaïeules. Ici se trouve le cimetière de tous nos ancêtres. Conscients
de ce fait historique, nous allons et nous voulons mourir et être enterrés
aux côtés de nos ancêtres, ici même, où nous sommes aujourd'hui, c'est
pourquoi nous demandons au gouvernement et à la Justice fédérale de ne
pas décréter l’ordre de nous expulser mais de décréter notre mort
collective et de nous enterrer tous ici."
Less Guarani-kaiowá de Pyelito Kue se sont réfugiés dans la réserve de la ferme Cambará, en novembre 2011, après avoir subi des attaques armées lorsqu'ils campaient de l'autre côté du fleuve. Des enfants et des personnes âgées avaient été blessées et le camp détruit.
Une note technique de la FUNAI publiée en mars 2012 déclare que le territoire revendiqué par les indiens à Pyelito Kue te
Mbarakay est occupé depuis très longtemps par les Guarani-Kaiowa, depuis 1915 quand fut établie la première Terre Indigène. C'est dans les années 70 et 80 qu'on commencé les expulsions des indiens, au profit des propriétaires fonciers agricoles (principalement pour doper les productions de cane à sucre ou de soja) Avec les expulsions, le confinement et le regroupement d'éthnies, entraînant déracinement et précarisation culturelle et sociale. Le déracinement, la résistance et la perte des repères culturels ont entraîné des vagues de suicides (555 entre 2000 et 2011), notamment chez les jeunes. La situation culturelle et sociale des jeunes indiens est d'ailleurs très préoccupante.
Il faut savoir que, dans l'Etat de Mato Grosso do Sul, 43 000 Indiens Guarani-Kaiowa revendiquent un retour sur leur terres d’origine qu’ils appellent “tekoha”,
littéralement “le lieu où il est possible de vivre à notre manière”. Ils
souhaitent quitter les réserves et installent des campements, qui, la plupart du temps sont légalisées.
Il existe aujourd’hui plus de 30 campements Kaiowá et
Guarani confinés sur les bords des routes ou à l’intérieur des
“fazendas”, dans des zones qu’ils ont occupées. À cela s’ajoute plus de
20 zones qui ont été récupérées et régularisées après la forte pression
des indigènes qui ont perdu plusieurs leaders
communautaires dans leur lutte.
Mais toutes ces territoires sont très restreints. Seul le territoire de Panambizinho, seule
zone homologuée par le gouvernement Lula et qui n’a pas été
annulée par le Tribunal Fédéral (STF), compte 1200 hectares.
Sementes de Sonhos VOSTFR from Noé V on Vimeo.
Le Ministère Public Fédéral, institution fédérale indépendante, destinée à représenter les intérêts des citoyens et des communautés lors des procédures pénales (le véritable quatrième pouvoir au Brésil) a déclaré: "reporter encore la discussion sur l'occupation traditionnelle du territoire en question reviendrait à perpétuer une injustice flagrante commise contre les Indiens, lors de trois phases historiques successives. La première quand on leur a pris leur terres. La deuxième quand l'Etat a négligé, a bâclé ou a laissé traîner le processus de révision des limites territoriales. La troisième lorsque le Juge Fédéral les a empêchés d'invoquer et d'exercer leur droit ancestral sur leurs terres".
Pour l'anecdote, vous savez peut-être que nombres d'internautes, notamment sur Facebook, ont remplacé leu nom de famille par Guarani-Kaiowa. Ceci a profondément touché les indiens, qui nous adressent cette réponse via le groupe Facebook "Sucide collectif" Facebook soutien au Guarani-Kaiowa:
"Nous Guarani et Kaiowá survivants et qui voulons vraiment survivre,
souhaitons par ce simple message exprimer notre immense remerciement public à
toutes et tous d'avoir ajouté à vos noms Guarani et Kaiowá.
Comme chacun le sait, les Guarani et les Kaiowá seuls peuvent être exterminés,
mais nous avons la certitude qu'avec la solidarité humaine réelle et le soutien
de vous tous nous pouvons être sauvés des diverses violences annoncées contre
nos vies et surtout éviter notre extinction ethnique.
Grâce à ce geste d'amour pour nos vies que vous manifestez, nous ressentons un
peu de paix et d'espoir en une vraie justice. Nous avons compris qu'il existe
des citoyennes et des citoyens mûs par un réel amour du prochain, qui ont soif
de justice et qui exigent cette justice. Nous ne savons pas avec quels mots
vous remercier tous sinon en disant JAVY'A PORÃ, que la paix soit dans vos cœurs.
Merci beaucoup."
Pour en savoir plus:
En français et portugais:
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