Un
jour, alors que je faisais la queue au Resto U de l’Université de Vitória, je
suis tombée sur Fernando Duarte, un musicien que j’avais rencontré à Dunkerque
à l’occasion d’un échange culturel. Il m’a tout de suite conviée à aller
l’écouter lors d’une roda de choro
qu’il joue avec des copains le vendredi durant la pause du midi, dans l’un des
locaux de l’Université.
J’y
suis allée un jour de chaleur, quelques semaines seulement après mon arrivée à
Vitória, alors que je ne connaissais encore personne. J’étais à la fois
contente d’aller voir « une tête connue », et d’avoir une petite
activité culturelle !
Arrivant
dans le patio ombragé du CEMUNI V, je me suis posée et je me suis laissée
transporter…Mélodie de mandoline, rythmique du cavaquinho, ligne de basse de la
guitare à sept cordes…le choro est une musique gaie et joyeuse !
Jusque
là, je connaissais vaguement le choro. En tant que guitariste classique (veuillez excuser ma prétention!!!), je connaissais les choros d’Heitor
Villa-Lobos (1887-1959), compositeur brésilien du XXème siècle, mais j’associais
ce genre à un genre classique et académique.
Ici, j’ai découvert que l’on
entend du choro un peu partout, et surtout dans les petits barzinhos, ou dans
des endroits publics, tels que les plages, les parcs, de préférence entre
copains, pour un public prêt à participer et à contribuer à l’échange musical
par quelques pas de danse!
Musique de copains, elle n’en est pas moins une
musique de virtuoses. Elle demande des musiciens une grande expertise
technique, mais exige d’eux aussi de savoir improviser autour de la mélodie et
de proposer des variations.
Pour beaucoup, le choro représente l’âme de la musique
brésilienne, un style, um jeito
typiquement brésilien de jouer et de fusionner des éléments apparemment hétérogènes
pour en faire un genre pleinement représentatif d'une identité nationale.
Aujourd’hui, c’est à mon sens la musique la plus populaire
aujourd’hui, la plus répandue.
L’origine
du mot choro est incertaine. Pour
certains choro viendrait du mot xolo qui désignait les bals organisés
par les esclaves noires dans les fermes. Pour d’autres, il s’agirait d’une
manière mélancolique qu'adoptaient les musiciens, renvoyant ainsi au mot choro, pleur en portugais.
Une
chose est sûre, c’est qu’il est bien antérieur à à la samba et à la bossa nova !
Le choro est né au XIXe siècle dans la classe moyenne et métisse de Rio de
Janeiro. Le choro était à l’origine une manière d’interpréter « à la
brésilienne » les musiques européennes de l’époque comme la polka, la valse, la
scottish (xótis) ou la habanera. Ces
musiques de danses étaient très demandées par la cour du royaume du Portugal
exilée au Brésil en 1808 suite à l'invasion du Portugal par les troupes napoléoniennes.
Le flûtiste Joaquim Callado (1848-1880) est considéré comme un des
créateurs du choro, ou au moins un des principaux collaborateurs de la fixation
du style dans sa forme définitive : en effet, le choro ayant reçu une
forte influence de rythmes divers, il a fallu plusieurs décennies avant qu'il
soit reconnu comme un style musical en tant que tel.
Pixinguinha (1897-1973) est un des plus célèbres et
talentueux compositeurs de choro. Le Brésil commémore sa naissance le 23 avril
par le Dia Nacional do Choro, journée nationale du choro.
Vitória compte quelques excellents groupes de choro, dont la formation représentée par Fernando Duarte. Fernando est compositeur et arrangeur, et son instrument de prédilection est la mandoline (Bandolim). Il trouve son inspiration dans les grands maîtres, mais pour explorer d’autres voies.
Vitória compte quelques excellents groupes de choro, dont la formation représentée par Fernando Duarte. Fernando est compositeur et arrangeur, et son instrument de prédilection est la mandoline (Bandolim). Il trouve son inspiration dans les grands maîtres, mais pour explorer d’autres voies.
Il a enregistré en 2012 un album éponyme aves ses
propres compositions de choro , que vous pouvez écouter ici. Son album nous
mène dans différents univers, de la valse aux marches de carnaval, dans
différentes humeurs, de la mélancolie à l’allégresse et à la fantaisie !
A l’occasion d’un concert à Estação Porto (et oui, on y va souvent…c’est gratuit !) nous avons assisté à la présentation énergétique, poétique et dansante d’Edu Rosa, jeune talent de Vitoria, mais cela, je vous en parlerai ultérieurement !
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